Le 11 mai 2022, nous recevions le Dr Charles Coulombe, MD - Médecin-conseil et formateur, Médecine du travail et d’assurance ; Stéphanie Laprise, erg MBA – Présidente chez Impact Réadaptation et Elyse Marois, erg PhD pour un panel d’exception sur le thème du maintien et retour au travail.
Source de préoccupation majeure pour beaucoup d’employeurs, le retour au travail d’un employé après un arrêt de travail n’est pas simple à gérer. Même si pour beaucoup, le retour se passe bien, il n’est pas rare de voir certaines personnes retourner chez elles à la suite d’une reprise du travail peu, voire, pas adaptée à leur condition du moment. Nos panélistes nous ont donc livré le secret d’un retour bien fait : le tout réside dans une bonne préparation !
Pour illustrer cette problématique, tous trois se sont appuyés sur une mise en situation particulièrement réaliste, afin d’en détailler chacune des étapes pour garantir un retour au travail réussi.
Mise en situation :
Vous êtes un gestionnaire et vous recevez un billet médical portant la mention « Arrêt de travail pendant 1 mois ». Les mois passent et, au bout de 5 mois, vous recevez un courriel de votre employée avec en pièce jointe un billet médical qui mentionne : Retour au travail progressif dans une semaine sur 6 semaines, Éviter le stress.
Étape 1 : Se préparer avant la rencontre avec l’employé
- Quels sont les objectifs et avantages de faire une telle rencontre préparatoire ?
La première journée va être déterminante dans la démarche globale du retour au travail. L’objectif principal sera de garantir un retour réussi. En cas d’échec, ce retour sera certainement beaucoup plus long et compliqué la prochaine fois que l’employé tente de revenir.
Le succès d’un retour au travail implique un investissement de temps de votre part, en tant que gestionnaire. De cette manière, votre implication pourra rapidement mobiliser et être encourageante, ce qui est tout à votre avantage dans la mesure où les autres employés remarqueront vos efforts pour assurer au mieux cette étape clé.
- Quels sont les éléments d’information que vous devrez colliger pour me préparer à la rencontre et quels sont les enjeux qui pourraient être abordés par l’employé lors de la rencontre et représenter des obstacles au retour au travail ?
Pour préparer au mieux la rencontre, il existe 3 éléments d’information à rassembler :
1. Identifier les personnes concernées par ce retour au travail
2. Déterminer les enjeux de chacune de ces personnes
3. Préparer ce retour en termes de temps
- Quels sont les échanges que vous pourrez faire avec l’assureur ou le service santé à ce moment pour mieux me préparer ?
Selon le Dr Charles Coulombe, la collaboration et l’échange d’informations sont essentiels entre les différents acteurs de ce retour au travail. Favoriser un retour sécuritaire et durable demande une communication claire entre tous : partager les préoccupations de la personne si vous les connaissez, faire part des enjeux que vous avez identifiés, signaler toute information que vous jugerez utile.
Étape 2 : La rencontre préparatoire avec l’employé
- Quelles sont les conditions et attitudes gagnantes que vous, en tant que gestionnaire, pourrez mettre en place et adopter pour que la rencontre se déroule bien ?
Sachez que si vous êtes stressé par ce rendez-vous, pour le travailleur, ce stress est décuplé ! Il est donc très important de ne pas négliger la charge émotive de cette rencontre. Pour ce faire, mieux vaut y aller avec bienveillance et ouverture en essayant de comprendre au mieux la réalité de votre employé ainsi que ses besoins.
Il est également primordial de gérer ses attentes, en apportant des réponses à certaines questions et/ou demandes que le travailleur peut vous formuler. En ce sens, évoquer un suivi avec lui est indispensable pour assurer progressivement son retour, en y allant pas à pas et en célébrant chaque victoire.
- Quels sont les sujets que vous devrez aborder et ceux que je devrais éviter ?
En tant que gestionnaire, n’hésitez pas à demander à la personne concernée comment elle envisage son retour au travail. En effet, cette personne se prépare depuis longtemps à cette reprise, elle a donc très certainement des suggestions, des attentes voire des solutions à vous proposer.
De plus, il est nécessaire de discuter des sujets délicats, voire tabou, avec le travailleur. Par exemple, demander à l’employé s’il souhaite que le sujet de sa maladie soit évoqué avec ses collègues à son retour. En fonction de la réponse, vous pouvez mieux préparer son équipe, passer les messages adéquats et faire en sorte que la personne se sente à l’aise à son retour, et ses collègues aussi.
Pourquoi ? Car cela vous permettra de mieux comprendre comment la personne souhaite être soutenue, mais aussi d’éviter d’aborder certains sujets le cas échéant. Attention cependant à ne pas chercher à en savoir plus/trop si votre employé ne le partage pas.
- Comment aborder la restriction fonctionnelle du médecin : « Éviter le stress » ?
À travers ces 3 mots choisis par le médecin, il y a 3 messages à décoder :
1. Mon ou ma patient.e n’est pas encore guéri.e
2. Mon ou ma patient.e ne sera pas à 100 % les premiers jours de son retour au travail
3. Mon ou ma patient.e peut encore ressentir des facteurs de stress, qui plus est si ceux-ci sont issus du climat de travail
Étape 3 : Le retour au travail
- Quels sont les derniers préparatifs que vous, en tant que gestionnaire, devrez faire juste avant le jour J ?
Nos 3 panélistes suggèrent d’établir une « checklist » le jour précédent le retour au travail de l’employé : vérifier sa carte d’accès, le fonctionnement de son ordinateur, son bureau ou son espace de travail. En prenant le temps de préparer le terrain, vous prouverez à cette personne qu’elle est importante pour vous, gestionnaire, mais aussi pour l’entreprise.
- Quelles sont les choses les plus importantes le jour J ?
Ce sont toujours les plus petits détails qui font la différence. Comme nous l’explique Stéphanie Laprise, l’accueil est une étape indispensable dans le retour au travail. Le suivi est également un élément primordial dont il faut tenir compte, et ce même si la personne dit ne plus en avoir besoin, pour qu’elle sente qu’un canal de communication est ouvert en cas de besoin.
Préparer l’environnement physique sans oublier l’environnement humain, c’est-à-dire en présentant la situation le plus positivement possible aux collègues et personnes directement impactées par ce retour.
- Comment devrais-je faire le suivi au cours des prochains jours, les prochaines semaines et quels sont les devoirs et responsabilités de chacun ?
L’employé a ici une grande responsabilité puisqu’il devra identifier ce qui lui va bien et ce qui, au contraire, lui procure certaines difficultés. De votre côté, en tant que gestionnaire, vous devrez trouver de quelle façon soutenir votre employé dans la reprise de son travail.
Il est à noter que l’employé n’a pas toujours l’accommodement parfait. Peut-être que les seules tâches qu’il ou elle est capable de faire seront celles qu’il ou elle aime le moins, ce qui est de toute évidence à prendre en compte.
En conclusion, un retour au travail réussi implique des responsabilités partagées entre chacun des acteurs de cette reprise d’emploi. La communication des informations est absolument capitale entre tous et la préparation en amont demande une réelle implication du gestionnaire, mais aussi du travailleur.
Il est important de mentionner que, dans 75 % des cas, cela se passe comme tel que décrit dans cet article. Il se peut donc que certaines personnes demandent à avoir une préparation plus spécifique. Pour ce faire, Elyse Marois, erg PhD – enseignante à l’Université de Montréal, a développé un modèle qui vise davantage les 25 % restants, dont la situation demande un accompagnement plus serré, mais dont les étapes restent similaires.
Vous avez maintenant un certain nombre de clés en main pour faire du retour au travail de votre employé un réel succès, pour elle ou pour lui, mais aussi pour vous et pour votre organisation !
* Veuillez noter que le genre masculin a été utilisé dans cet article sans aucune discrimination et dans le seul but d’alléger le texte.