Le 9 novembre dernier, notre communauté de pratiques en santé/mieux-être au travail de Chaudière-Appalaches se rencontrait pour une première séance thématique. Avec intérêt, joie, ouverture et curiosité, nous avons abordé cette séance visant à faire connaissance et échanger sur l’importance de prendre soin de soi pour un meilleur équilibre professionnel.
Marie-Pier Lessard, travailleuse sociale et formatrice en entreprise pour la santé psychologique des équipes de gestion, était l'invitée du premier rendez-vous thématique de la communauté de pratiques en santé/mieux-être au travail de Chaudière-Appalaches. Elle y est intervenue en tant qu’experte pour nous sensibiliser sur la question de l'équilibre professionnel et pour nous présenter un outil pratique à explorer pour mieux prendre soin de soi au quotidien, pour soi et avec son équipe de travail.
1 personne sur 5 souffrira de problème de santé psychologique ou de maladie mentale au cours d’une année1.
Avec une telle proportion, nous pouvons facilement présager que plusieurs membres de notre équipe, et possiblement nous-même, seront affecté-e-s par ces problèmes dans les prochains mois. C’est pourquoi il est primordial de prendre soin de sa santé mentale, et ce, dès l’apparition des premiers symptômes. Cela vaut pour tous-tes, mais encore plus lorsque l’on est gestionnaire, car la santé mentale des employé-e-s en dépend bien souvent. Tout comme il nous est recommandé en avion, dans une situation critique, nous nous devons de mettre notre masque à oxygène en premier pour être en mesure d’aider les autres personnes autour de nous.
Le fait de prendre soin de soi en premier est une façon pour le gestionnaire de montrer l’exemple, non seulement par la parole, mais aussi par l’action. Cela donne le ton et légitimise son équipe à en faire tout autant. Le ou la gestionnaire doit se permettre de se garder du temps pour être concentré-e, pour prendre des pauses, doit dicter un rythme sain, et ne peut pas dire « oui » à tout.
Il est aussi important de prendre conscience de l’effet (positif ou négatif) de la contagion émotionnelle. Nous avons tous-tes tendance à se synchroniser de manière inconsciente avec ceux ou celles qui nous entourent. Nos émotions2 sont donc, à cet égard, contagieuses. Plus notre rôle est important, plus nos émotions ont un grand effet sur les gens autour de nous. Si nous vivons une période de stress, les autres ressentiront cette pression. Le ton sera plus directif, et il y aura plus d’erreurs dans notre équipe. Lorsque nous sommes détendu-e-s au travail, c’est là que l’on fait ressortir le meilleur de chacun-e. Prendre soin de nos émotions, c’est donc un moyen de contrôler cette contagion. Faire preuve de vulnérabilité et mettre des mots sur ses émotions difficiles va aider à diminuer la contamination négative.
Le thermomètre de l'équilibre
Pour être plus conscient-e de soi-même, il est nécessaire de s’octroyer des moments d’arrêt pour prendre le temps de s’évaluer et de repérer les déséquilibres qui s’installent. Puisque notre cerveau nous suit partout, cette évaluation doit prendre en compte non seulement la sphère professionnelle, mais aussi les autres sphères de nos vies. Un stress dans la vie personnelle impactera certainement notre énergie au travail, et vice-versa. Prendre le temps d’écouter ce que notre corps nous dit, quand il chuchote, évitera qu’il se mette à crier. Il nous parle. À nous de l’entendre et de l’écouter. Pour nous guider dans ces moments d’introspection, Marie-Pier nous propose d’utiliser le thermomètre de l'équilibre.
Cet exercice, qui prend une dizaine de minutes à effectuer, permet de prendre conscience de comment nous nous sentons et ce que nous faisons lorsque nous nous sentons bien. Et à l'inverse, il nous permet d’identifier nos signaux d’alarme qui nous indiquent quand nous allons moins bien. Lorsqu’il y a une prise de conscience, nous avons 50% du travail qui est fait. L’autre 50%, ce sont les actions. C’est pourquoi nous sommes ensuite appelé-e-s à choisir des stratégies pour agir lorsque nous avons besoin de retrouver un meilleur équilibre.
Par exemple, les stratégies ciblées pourraient être :
- Aller se balader en nature
- Instaurer une meilleure routine le soir
- Aller lire à la bibliothèque
- Refuser des invitations, prévoir week-end off3
- Écrire dans un journal
- Aller au spa
- Faire du bénévolat
- Planifier ses repas
- Faire l’épicerie en ligne, avec son café, le dimanche matin
- Prendre une journée pour soi
- Prendre un moment d’arrêt pour s’observer (se regarder soi)
- Reconnecter avec son cercle d’ami-e-s4
Cet exercice est non seulement personnel (à chacun-e ses symptômes, et à chacun-e ses stratégies), mais il est aussi évolutif, car nous ne sommes pas figé-e-s, et évoluons à travers le temps. Plus nous agissons rapidement, dès l’apparition des premiers symptômes, plus il sera facile de reprendre pied. Et puisque nous pouvons toujours faire de petits pas de plus vers notre bien-être, il peut être intéressant d’utiliser le thermomètre même quand nous nous sentons bien.
Au travail, le thermomètre peut être expliqué et partagé avec les membres de son équipe lors d’une rencontre, ou via les capsules santé/sécurité par exemple. Il peut aussi être utilisé sur une base plus régulière dans des réunions d’équipe. Il est encore possible de créer des moments d’introspection plus libres et plus courts, en débutant les rencontres d’équipe par 2 minutes de silence (sans écran, sans tâche) suivi d’un « Comment ça va? » vrai et authentique. Et pour apporter une contagion positive, pourquoi ne pas intégrer un mot de reconnaissance ou de gratitude ? On met souvent en lumière les enjeux et problématiques lorsque nous avons des rencontres d’équipe, mais il faut aussi faire ressortir le positif (il y en a toujours!).
Si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous proposons ces quelques lectures supplémentaires :
- 1Commissions de la santé mentale du Canada
- 2Toutes nos émotions découlent de 6 émotions principales, soit : la colère, la peur, la tristesse, le dégoût, la joie et la surprise.
- 3Acronyme TEQQ pour mettre ses limites : Ai-je le temps? Ai-je l’envie? Pour quoi je le fais? Pour qui je le fais?
- 4Une des conditions nécessaires à la résilience est le réseau social. On a avantage à bâtir des relations fortes pour construire notre filet de sécurité.
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