Deux ans après la levée des restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, le télétravail demeure très prisé par les travailleurs québécois, en particulier ceux/celles ayant des responsabilités parentales ou de proche aidance. Cependant, un nombre croissant d'employeurs cherchent à augmenter la présence de leurs employé-e-s au bureau. En voici les derniers résultats.
Selon les plus récentes données du sondage annuel sur la conciliation famille-travail, réalisé par Léger pour le compte de Concilivi, une initiative du Réseau pour un Québec Famille (RPQF), près de 60 % des parents en emploi continuent de bénéficier d’un mode de travail hybride, combinant télétravail et présence en entreprise. Toutefois, 46 % des répondant-e-s rapportent que leur employeur a resserré sa politique de télétravail au cours de la dernière année, 22 % mentionnant une obligation accrue de travailler en présentiel.
Télétravail et performance : un enjeu clé
Malgré les efforts des employeurs pour encourager un retour en présentiel, une majorité (61 %) des travailleurs-euses estime être plus performante lorsqu’elle travaille à distance. Cette impression est encore plus forte chez les femmes (68 %) que chez les hommes (54 %).
Selon Diane-Gabrielle Tremblay, professeure et collaboratrice de l’étude : « Le télétravail offre une flexibilité précieuse, permettant une meilleure gestion des tâches professionnelles et personnelles ». Elle souligne également que 85 % des répondant-e-s apprécient le mode de travail hybride, et 79 % croient qu’il facilite la conciliation travail/vie personnelle et familiale. Cependant, plusieurs employeurs avancent que la performance et la créativité sont supérieures lorsque les employé-e-s sont présent-e-s sur place.
Malgré ses nombreux avantages, le télétravail comporte aussi des défis. Le sondage révèle que :
- 52 % des répondant-e-s éprouvent des difficultés à se déconnecter ;
- 49 % des répondant-e-s ressentent un soutien moindre de la part de leurs collègues concernant leurs besoins de conciliation travail/vie personnelle et familiale ;
- 45 % des répondant-e-s estiment être exclu-e-s de certains réseaux décisionnels ;
- 39 % des répondant-e-s craignent un impact négatif sur leur carrière en raison de leur visibilité réduite.
La conciliation travail/vie personnelle et familiale encore fébrile
Le sondage révèle aussi une augmentation des difficultés à concilier famille et travail, passant de 39 % à 43 % en une année. De plus, on observe une baisse de l’utilisation des mesures de conciliation, telles que les congés pour responsabilités familiales ou la reprise de temps accumulé. Un nombre croissant de travailleurs-euses ressentent une pression à se conformer aux attentes de leur milieu, un phénomène qui a presque doublé, passant de 9 % à 15 %.
Le sondage met également en lumière les difficultés des personnes proches aidantes, en particulier celles qui cumulent des responsabilités parentales. Plus de la moitié d’entre elles (53 %) trouvent difficile de concilier ces rôles. Pourtant, 38 % des personnes proches aidantes évitent de révéler leur situation à leur employeur, par crainte de jugement ou de perte d’opportunités professionnelles.
« La réalité des proches aidants est souvent mal comprise en entreprise, ce qui crée un sentiment de stigmatisation », déplore Corinne Vachon Croteau, directrice générale du RPQF. Elle appelle à une sensibilisation accrue des employeurs et à l’instauration de mesures concrètes pour soutenir cette population, surtout dans le contexte du vieillissement de la population.
Avec ces nouvelles données, il devient évident que la conciliation travail/vie personnelle et familiale, dans toutes ses dimensions, reste un enjeu de santé globale majeur au Québec sur lequel il est urgent de se pencher.
Pour en savoir plus, voici les ressources à consulter :
- Sondage auprès des travailleurs-euses du Québec (rapport complet)
- Travailleurs-euses exerçant des responsabilités familiales (infographies)
- Concilivi (site web)
