L’intelligence artificielle (IA) transforme progressivement le milieu de travail, offrant des opportunités inédites d’automatisation, de gain de temps et d’efficacité. Cependant, derrière les algorithmes et les données, une question essentielle se pose : comment intégrer l’IA de manière humaine et bienveillante, en respectant les besoins et les valeurs des employé-e-s ? Cet article explore les moyens d’adopter une approche équilibrée, où l’IA devient un outil au service des équipes et non un facteur de déshumanisation, en favorisant collaboration, innovation et épanouissement professionnel.
Ce mercredi 27 novembre, Jonathan Néron, un participant actif de la communauté de pratique SMET du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et coordonnateur chez Pulsar informatique, ainsi que Stéphanie Saumur, la directrice stratégique, et Frédérick Blanchette, le président, de Solertia, ont abordé l’épineux sujet de l’utilisation de l’intelligence artificielle en milieu de travail.
Un peu d’histoire…
L’IA a commencé à prendre forme dans les années 1950 avec les travaux d'Alan Turing, mais c’est dans les dernières décennies que ses applications se sont véritablement démocratisées, notamment grâce aux avancées en machine learning et en réseaux neuronaux. De plus, l’émergence de l’IA générative comme ChatGPT, qui permet désormais de produire des contenus de plus en plus sophistiqués, compréhensibles et adaptés à des contextes variés, marque un tournant dans sa capacité à produire du contenu humainement compréhensible.
Cette transformation numérique s’accélère et poussent les organisations à s’adapter rapidement. Dans ce contexte mouvant, les questions de changement et de choix technologiques, tenant compte des aspects humains, sont au cœur de nombreuses préoccupations.
L’approche humaine de l’IA, c’est quoi ?
C’est reconnaître que l’être humain est au centre du changement. C’est tenir compte du fait qu’implanter l’IA dans une organisation constitue un projet de longue haleine. Il y a tout d’abord la nécessité de considérer les enjeux et de réfléchir à la manière dont ils vont être pris en compte durant l’implantation. Ensuite, il faut être capable de faire évoluer la technologie implantée tout en continuant de former les équipes au fur et à mesure.
L’IA ne s’applique pas à toutes les tâches ou à toutes les personnes. Il est nécessaire de définir dans quel contexte son utilisation est pertinente et dans quel contexte elle ne l’est pas. La planification, l’évaluation continue et l’amélioration à chaque étape sont essentielles.
Sans oublier qu’adopter une approche humaine de l’IA, c’est aussi impliquer les employé-e-s dans la réflexion sur son implantation. Leur permettre de participer à la définition des objectifs et de l’usage de l’IA renforce l’adhésion au changement et favorise une transition plus fluide.
Au sein des organisations, qui est responsable ?
Lors de la mise en place de ces changements et de l’implantation de l’IA, l’employeur doit assumer la responsabilité de la mise en œuvre de l’IA, en assurant une planification rigoureuse et en formant les équipes. Les employé-e-s, quant à eux/elles, doivent être accompagné-e-s dans l’appropriation de cette technologie, à travers des formations adaptées et un suivi constant car c’est eux/elles qui sont directement impacté-e-s. Il est également important de prendre en compte le niveau de maturité technologique de l’organisation dès le départ pour faire des choix éclairés.
Une implantation de l’IA sans une planification adéquate peut être préjudiciable tant pour l’organisation que pour tous les membres de son personnel. Il faut identifier les impacts et les risques en amont, dans une perspective d’approche humaine de gestion du changement.
Mieux comprendre l’IA
Contrairement à une idée répandue, l’IA ne se résume pas à des robots ou à des outils complexes ; elle est déjà intégrée dans des applications courantes comme les assistants vocaux, les outils de gestion ou les plateformes d’analyse de données. Comprendre ses mécanismes de fonctionnement, comme l’apprentissage automatique (machine learning) ou l’analyse prédictive, permet de démystifier son usage et d’en saisir le potentiel pour soutenir les équipes, simplifier les tâches répétitives et éclairer les prises de décision. Garder un esprit critique lors de l’utilisation de ces outils et comprendre leurs limitations s’avère donc primordial, et vérifier les informations fournies par ces modèles est toujours nécessaire.
Gestion des données avec l’utilisation des modèles génératifs
Il est important de se doter rapidement d’une politique interne d’utilisation définissant le contexte d’utilisation de ces outils. Il faut également prêter attention à la localisation géographique des données. Par exemple, de nombreux assistants disponibles sur des applications, telles que Zoom, etc. sont souvent hébergés à l’extérieur du Canada (souvent aux États-Unis). Outre la localisation géographique des données, il est également impératif de mettre en place des protocoles de sécurité rigoureux pour protéger les informations sensibles, notamment en respectant les lois sur la protection des données personnelles, comme le RGPD en Europe ou les normes canadiennes.
Et vous, dans vos milieux de travail, vous utilisez l’IA générative ?
Lors de notre rencontre de la communauté de pratique, Frédérick Blanchette, président de Solertia, nous a fait part d’une enquête récente effectuée par l'Ordre des CRHA en août 2024 selon laquelle une majorité d'organisations (57 %) a déjà implanté ou compte implanter prochainement de telles technologies (IA) dans leur organisation.
Dans la communauté de pratique, plusieurs personnes présentes témoignent aussi de leur utilisation dans leur quotidien au travail, notamment pour :
- Écriture de code ;
- Traduction ;
- Simplification de langage dans des courriels ;
- Conversations orales avec l’outil ;
- Synthèses à partir de transcriptions de rencontres ;
- Écriture de courriels difficiles ;
- « Brainstorming ».
En conclusion, alors que l’IA s’impose progressivement dans nos environnements professionnels, il est essentiel de ne pas perdre de vue la dimension humaine. En plaçant les employé-e-s au cœur de cette transformation et en assurant un accompagnement constant, les organisations pourront exploiter tout le potentiel de l’IA tout en préservant un environnement de travail humain et épanouissant.
Ces réflexions sont issues d'une rencontre entre le groupe de communauté de pratique SMET du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Pour en savoir plus ou pour participer à l'une de nos communautés de pratiques, nous vous invitons à consulter notre page web dédiée aux différentes communautés de pratique en région.